« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

AVALANCHE

 

 

 

Ce soir j’ai vu craquer les hanches de la montagne.

Une joie blanche s’écoulait de son ventre

Ecartelant la terre jusqu’au creux de son sexe.

 

La nature refusant le supplice

Gémissait dans sa chair découverte

 

Moulinant de ses bras bleu-pervenche

Pour jeter l’ancre à son habit de bois

Elle aveuglait le boutoir de ses flancs

 

Mais l’orgasme furieux

Puissant

Déchirait tout sur son passage

 

La plaie se mit brusquement à hurler

Hurler

Hurler…

 

En bas

Les hommes faisaient silence.

 

Lorsque le viol cessa

L’obscurité n’avait plus rien à cacher

L’aurore baisa les cendres chaudes

Et le vent doucement se mit à ronfler

Et le vent doucement se mit à ronfler…

 

 

 

Algrange, 8 août 1970

 

Alphonse Pensa / Les mains crépusculaires