« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

SIX HEURES

 




A Touny-Lérys.

 

 

Six heures, c'est la paix des grands jardins fleuris

Que la pluie a mouillés de l'odeur des lavandes,

Tandis que je m'accoude à la fenêtre grande

Ouverte et que, distrait et rêveur, je souris.

 

Des prèles vaguement luisent dans l'herbe humide

Où rôde la senteur fraîche des foins coupés,

Les premiers. C'est le grand silence et c'est la paix

Qui rêve au cœur des fleurs et des bassins limpides.

 

Dans les branches se sont blottis les rossignols :

Le crépuscule bleu descend à fleur de sol

Dans tout ce bercement de choses apaisées

 

Cependant qu'avec des paresses, des douleurs,

Pour veiller le jardin, comme de grandes sœurs,

Des lampes, lentement, s'allument aux croisées.

Francis Carco / Poésies complètes