« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

Notre ami Mário de Andrade

 

 

 

À Suzanne Lipinska
À  Elisa de Andrade


Fils de paysan battu par la mer
il était né de la pluie et du sel marin
il savait parler des choses belles
qui devenaient tout un poème à l'écouter.
Il remua de son épaule ciel et terre
quand la liberté à sa porte était à prendre
plus chaude que la chair d'une jeune fille
qui écrit en portugais des contes de fées !

À lui seul il était un bras de fleuve
un soir de bal, un sentier de chèvres,
un moulin à ensoleiller jours et travaux au village
normand d'André.

Tout neuf dans son jeu de petit garçon
Mário allait à cheval sur l'été des nègres.
Il était le pont entre la pierre et le mythe :
la fable qui lave à grande eau courante
les draps du mal de vivre au XXè siècle.

 

René Depestre / Minerai noir - Anthologie personnelle et autres recueils