« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

Et si c'était pour vivre


 

 

A la plus ancienne des crucifixions.

 

Ventres fourbus d'amour en vrac

Solos d'étoiles froissézes de peines

velours de sang mimant la rose

N'éteignez pas vos réverbères

 

Laissez pourrir l'herbe des sauges

Et gambader l'agneau d'espoir.

 

Les moissons se nouent par la faim.

 

Horloge folle des fois pendues

Regards ourlés de pieux sabots

Maillons de rires écarlates

Ne léchez plus vos murs de plaintes

 

Et vous et moi

Maisons de vent ou arbres d'or

Gerbe de vierges ou vieux crapauds

Laissons flamber les chansons mortes

Et s'appauvrir la solitude

 

Ouvrons le ciel aux filles de croix

Leurs draps sont lourds de nos pêchés.

 

La nuit.
Algrange, 25 février 1964.

Alphonse Pensa / Les mains crépusculaires