LA PREMIÈRE AVENTURE CÉLESTE DE MONSIEUR ANTIPYRINE
Par domcorrieras, le mercredi 30 juin 2021 - Poèmes & chansons - lien permanent
LA PARABOLE
si l'on peut demander à une vieille dame
l'adresse d'un bordel
oi oi oi oi oi oi oi oiseau
qui chantes sur la bosse du chameau
les éléphants verts de ta sensibilité
tremblent chacun sur un poteau télégraphique
les quatre pieds cloués ensemble
il a tant regardé le soleil que son visage s'aplatit
oua aah oua aah oua aah
M. le poète avait un nouveau chapeau
de paille qui était si beau si beau si beau
il ressemblait à une auréole sainte
car vraiment M. le poète était archange
cet oiseau est venu blanc et fiévreux comme
de quel régiment vient la pendule ? de cette musi-
que humide comme
M. Cricri reçoit la visite de sa fiancée à l'hôpital
dans le cimetière israélite les tombeaux montent
comme des serpents
M. le poète était archange — vraiment
il disait que le droguiste ressemble au pàpillon
et au Seigneur et que la vie est simple comme
un boumboum comme le boumboum de son
cœur
la femme construite en ballons de plus en plus
petits commença à crier comme une catas-
trophe
ouiiiiiiiiiiiiiiii
l'idéaliste a tant regardé le soleil que son visage
s'aplatit
taratatatatatatata
M. ANTYPIRINE
A Ndumba à Tritriloulo à Nkogunlda
il y a une grande auréole où les vers circulent
en silence
car les vers et les autres animaux ont aussi des
peines des douleurs des inspirations
regarde les fenêtres qui s'enroulent comme des
girafes
tournent se multiplient hexagones grimpent tor-
tues
la lune se gonfle marsupial et devient chien
l'ara et le cacatoès admirent le chien
un lys vient d'éclore dans le trou de son cul
c'est le troupeau des montagnes en chemise dans
notre église qui est la gare de l'Ouest les che-
vaux se sont pendus à Bucarest en regardant
Mbogo qui monte sur ses bicyclettes tandis
que les cheveux télégraphiques s'enivrent
des oreilles du ventriloque débordent quatre ra-
moneurs qui crèvent ensuite comme des me- .
Ions
le prêtre photographe a accouché de trois enfants
striés pareils aux violons sur la colline pous-
sent des pantalons un histrion de feuilles
lunaires se balance dans mon armoire
ma belle enfant aux seins de verre aux bras pa-
rallèles de cendre raccommode-moi l'estomac il
faut vendre la poupée.
un mauvais garçon est mort quelque part
et nous laissons les cerveaux continuer
la souris court en diagonale sur le ciel
la moutarde coule d'un cerveau presque écrasé
nous sommes devenus des réverbères
des reverbères
des reverbères .
des reverbères
des reverbères
des reverbères
des reverbères
des reverbères
des reverbères
des reverbères
puis ils s'en allèrent
Tristan Tzara / Morceaux choisis
Illustration : Portrait de Tristan Tzara par Robert Delaunay (1923)