« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

PAR LA POUSSÉE DES JOIES


 

 

Puis ils jetèrent du sang sur les cerises blanches

Et l’oubli permanent s’en vint à dévêtir son dieu

pour lui crever les reins

Un chien tout chancelant des yeux se fit morne

larbin

Dépositaire de rien

Judas

Presque chrétien

Et par comble de la mer

Les liens des champs se couvrirent de grilles

éternelles

Le vent se défit des prières de pollen

De ses larges bontés humides

En mourant grand valide sur un paquet de chiffes

 

Les chemins ceints de mimosas

De cœurs en ifs

D’orgues traversées d’opéras à la plus haute branche

Titubèrent dans le silence des nuits

Ployèrent sous l’amplitude des raisons

Des écritures dans le temps traversières

A présent canonnées

Anonnées par de multiples couches

 

Un fils d’incertaine origine s’écorcha l’âme et

son visage clair sur la jetée des fous

Sa bouche éclaboussa toutes les habitudes

Et l’Arctique bascula vers les noces du Sud

telle une frégate découvrant la bohème

Et Kerguelen la Blanche

La Reine     La Belle    L’adorée

La superbe se ficha dans le dos des Antilles.

 

Puis l’homme se mit debout contre sa croix

en vrille     La voie des nues

 

Alla se planter à quelques encolures

d’une lézarde drue

L’étrange cambrure d’une butée de fille

 

Et la rue dénoua son corsage de ringarde

 

La vie ne sentait plus la mort

Et l’aumône aux seins trop souvent habités

par l’enfer du repos

De tous ces soirs grinçants où les baisers sont clos

Débita lentement ses prémisses

 

Le ciel encore impénitent écarta de ses cuisses

les rideaux de la paix

Ses flambantes grimaces

Et les vœux sans candeur laissèrent enfin pénétrer

leurs conques de blondeur par la poussée des joies.

Alphonse Pensa / Les cathédrales en flammes