« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

MARCHE


 

 

Il a usé ses souliers nuit après nuit cheminant

sur les cailloux des étoiles — cheminant seul

pour l’amour des hommes. Il était fait, cet homme-là

pour le bonheur du monde. On l’a empêché. On lui a

    pris

ce qu’il pouvait donner de plus : sa confiance

en ceux-là même qui le refusaient. À présent

il se promène, deux fois seul, sur la rive. Il regarde. Ne

   récolte rien.

Des ombres de barques raient l’or du couchant,

dans le grand silence de la beauté délaissée.

Inachevé plein d’amertume, je reviendrai frapper à ta

   porte.

 Yànnis Rìtsos / Correspondances