UNE RIVIÈRE COULAIT AU MILIEU D’UN BOIS
Par domcorrieras, le mercredi 27 décembre 2017 - Poèmes & chansons - lien permanent
I
Première nuit
Enfin j’ai retrouvé mon élément !
C’est l’heure où le crépuscule des marécages s’attache à son sommeil et dételle sa barque de la berge. Un lapin fabuleux jaillit d’on ne sait où, fumant des tiges de roses. Nous lui demandons un peu de tabac. Quand au reste, nous le laissons aux petits oiseaux.
II
Deuxième nuit
Ai-je dormi depuis le déluge ? suis-je bien intact ? bien correct ? J’ai désappris le langage du monde mais j’aime tant celui des fleurs.
Je pars, camarades, adieu à tous, les convulsions folles m’ont pris ce matin et, sans desserrer les lèvres, la pluie par son licol !
III
Troisième nuit
Ah misère ! cette vie est si profonde qu’on ne distingue rien. Mais non, je ne lâcherai pas, la voir est un trop beau film ! Que voulez-vous, j’aime ça ! Qu’on dise après que je ne suis pas romantique.
(25 février 1946)
Jean-Pierre Duprey / Derrière son double - Ouvres complètes