« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

les bergers dorment


 

 

les bergers dorment dans les stalles du plus pur som-

meil imaginé par margot                la corne n'attendait

point de lune à pourfendre           point de tétons bala-

frés par les dents du piano       point de cri passionnel

en soir quartier de pomme pourrie        le chien détale

sur la cime des arbres noirs dans la liqueur pleine de

hurlements à gueules de loups      mais je dors

pelage de brebis dans l'anneau des doigts      gueule

rose du silence à regard doux      ceux-ci sont depuis

une heure des peignoirs mauves         ils ont endormi

des fièvres dans les coussins     les remords qui pas-

sent la queue dans les cuisses sont pourchassés par

les cœurs                cris d'aiguilles dans la flânerie de

laine       le carnage est assis au bord de la rivière

le souffle de marine promène les carpes dans les her-

bages et le mur rêve d'un homme crâne de chaise où

fume un ourson fatigué des comptabilités de la jour-

née

Paul-Marie Lapointe / Le vierge incendié