Énéide
Par domcorrieras, le dimanche 3 mars 2013 - Poèmes & chansons - lien permanent
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Épuisés, les équipages d'Énée s'efforcent de choisir leur cap
Pour gagner le rivage le plus proche : ils se détournent vers les côtes de Libye. Il y a là un endroit profondément en retrait : une île forme un port
Qu'elle abrite de ses rivages : sur eux, toute houle venue du large
Se brise et se scinde en deux courbes qui refluent.
De part et d'autre, d'énormes parois et des rochers jumeaux s'élèvent menaçants
Contre le ciel ; au pied de ces hauteurs, s'étend dans le silence
Un large plan d'eau sûr ; puis, plus haut, un berceau de verdure agité
De clair et d'obscur ; un bois noir domine de son ombre à donner le frisson.
En face, un surplomb de rochers forme une grotte,
À l'intérieur, de l'eau douce et des bancs au vif de la pierre :
C'est un palais des nymphes !... Là, nulle amarre ne tient les navires
Fatigués, pas d'ancre pour les attacher à la morsure de son croc.
Avec les sept navires qu'il a regroupés sur tout son effectif
Énée aborde là. Et c'est avec un grand désir de terre ferme
Que les Troyens débarquent et se jettent sur le sable tant espéré
Ils laissent aller sur le rivage leurs membres tout rongés de sel.
Tout d'abord, d'un silex, Achate fit jaillir, d'un choc, une étincelle
Et mit le feu à des feuilles ; il l'alimenta de bois sec
Ramassé alentour, et lui arracha une flamme.
Alors, tout fatigués qu'ils sont des choses, le fruit de Cérès, tout gâté qu'il est
Par les eaux, et les outils de Cérès, ils mettent tout en œuvre :
Ils torréfient à la flamme le grain récupéré, et ils l'écrasent sous la pierre.
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Virgile / Énéide / premier livre (extrait) traduction de Gilles Buisset