LE CHANT DES PYGMÉES
Par domcorrieras, le jeudi 6 mars 2008 - Poèmes & chansons - lien permanent
La forêt est grande, le vent est bon :
En avant les Bé-kü, l'arc au bras !
Par ici, puis par là, par là et par ici.
Un cochon ! — Qui tue le cochon ?
C'est Nkü. — Mais qui le mange ? — Pauvre Nkü !
Dépèce-le toujours : tu te régaleras des tripes...
Pan ! un éléphant par terre !
— Qui l'a tué ? — C'est Nkü !
— Qui aura ses belles dents ? — Pauvre Nkü !
Abats-le toujours : ils te laisseront la queue...
Sans maison, comme les singes.
Qui ramasse le miel ? — C'est Nkü.
— Et qui le lèche à s'en faire en ventre ? — Pauvre Nkü !
Descends-le toujours ; ils te laisseront la cire !...
Les blancs sont là, des bons blancs !
— Qui est-ce qui danse ? — C'est Nkü !
— Mais qui fumera son tabac ? — Pauvre Nkü !
Assieds-toi quand-même, et tends la main !
Blaise Cendrars / Anthologie nègre / Poésies, chansons et danse