« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

Orage de printemps

 

 

 

J'aime l'orage au mois de mai,
Quand le tonnerre du printemps
Roule dans le bleu d'un ciel frais,
Comme jouant et fôlatrant.

De jeunes craquements ricochent,
L'averse gicle, la poussière vole,
Des perles de pluie s'accrochent
À des fils que le soleil dore.

Un torrent fou dévale la montagne,
Dans les bois chantent les oiseaux,
Et à ces chants et à ces gamme,
Le tonnerre fait gaiement écho.

On dirait qu'Hébé en servant
À boire à l'aigle de son père,
A  renversé étourdiment
Un verre pétillant de tonnerre.


(1928)

 

Fiodor Tiouttchev / Poèmes