« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

Rodenbach

 

 

 

quand les soirs gris cendré s'emparent de novembre
et que la lampe est grise et que le cœur est gris
et que vers le couchant les combes se démembrent
entre les longs brouillards qui préparent la nuit

nous gagnons lentement le silence des chambres
où sombrent les secrets des anciens jour de pluie
et l'eau dormante et trouble des miroirs où tremblent
l'ombre des disparus et l'ivoire des lits

nous peuplons nos décors de fantômes et d'âmes
étranges sans savoir qu'ils nous sont fraternels
nous redoutons d'entendre un impossible appel

et craignons de surprendre un reflet qui révèle
cette obscure présence insistante des mânes
dont le souffle nous frôle et l'exil nous alarme

 

Jean-Claude Pirotte / La boîte à musique / veilleurs