LARMES
Par domcorrieras, le lundi 13 novembre 2023 - Poèmes & chansons - lien permanent
Délicieux Amour ! ô céleste ! si moi
Je t'oubliais, si moi, oh ! vous fatalisées,
Vous si pleines de feu, qui n'êtes plus que cendre
Et déjà sans cela, désertes, désolées,
Vous les îles aimées, les yeux de l'univers
Miraculeux ! Il n'est que vous pour me toucher
O vous rivages où l'idolâtrie expie,
Et pourtant pour les seuls célestes, son amour !
Car leur vénération fut trop grande, à ces saints
Dans les jours de beauté, là-bas, et aux héros
Violents qui vous servaient ; et des arbres nombreux
Là même et des cités se sont tenus debout
Bien évidents, pareils à l'homme qui médite.
Aujourd'hui les héros sont morts, défigurées
Les îles de l'amour. C'est ainsi, par l'abus
Que partout va l'amour à l'imbécilité.
Oh ! larmes attendries ! la lueur dans mes yeuxi
Ne l'éteignez pas toute ; au moins une mémoire
Oh ! laissez-la, que noblement je meure,
Fourbes, voleuses, vous ! vivre après moi.
Freidrich Hölderlin / Poèmes antérieurs
traduit de l'allemand par Armel Guerne