« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

Sous le Bouddha

 

 

 

Quand les phares aveuglants de la pensée
     s'arrêtent
et les grands navires du désir échouent entre les cuisses
et un tremblement de terre agite le pubis vert des vierges
et ses dents sautent transformées en trente-deux
     papillons
et ses langues s'enroulent autour du tronc des peupliers
et sur nos museaux noirs galope une rivière de sang
et le ciel se couvre d'un réseau de dragons sans frein
je te donne alors un coup de hache au milieu de la forêt
pour que surgisse l'ouragan de l'âme
pour que la montagne s'ouvre en huit pétales
autour d'un calice couronné par le Bouddha
qui médite sur mon corps écorché

 

Alejandro Jodorowsky / De ce dont on ne peut parler
poésophie traduite de l'espagnol (Chili) par David Giannoni