« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

DE MAUVAIS POIL

 

 

 

Je connais dans ses grandiloquentes lignes
Et ses médiocres stratagèmes
La conspiration des silences envieux
Ourdie par la flicaille littéraire.

Privé de voix (pour cause et par effet)
Je sais déceler non sans justesse
La fourberie des faux prophètes
Et la voix de fausset des simili poètes.

Tous à l'envi bêlant
Leurs slogans mensongers
Ils plantent leur clôture de barbelés
Autour de mon pré de silence.

Mon pré où seule une vachette rousse
Aux grands yeux de Junon laitière
Mâchonne en paix l'herbe de ma patience
Et même les colchiques de mes griefs vénéneux.

 

Edmond Dune / La roue et le moyeu (1983)
Photo : Dune en 1987 par Wolfgang Osterheld