« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

BENEDICITE

 

 

 

Voici le sel et le pain. Voici l'homme
Au premier jour à la première nuit
Tel qu'en lui-même il se change et se nomme
Sa propre fin l'habite et le poursuit.
J'aime trouver ton image votive
Dans le halo des choses. Le banal
Des gestes dessertis. Flammes furtives
Que fait trembler invisible un fanal.
L'âme dans l'âme est langue élémentaire
Qui ne nous suffit pas. Dans l'éclaircie
De ces orages noirs qui nous hantèrent
Le corps de l'un dit à l'autre merci.
Merci pour le mystère de l'échange
Et pour la main que partager bénit
Pour la saveur qui met en ce qu'on mange
Plus grand que nous un grain de l'infini.
Voici le pain et puis voici ta bouche
Je ne sais plus ce qu'elle mord vraiment
Si la lumière est cela que tu touches
De quel baiser sommes-nous l'aliment ?

 

Charles Dobzynski