« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

SONNET FINAL

 

 

 

Pour avoir déplumé des archanges de glace,
la neige liliale aux dents minces
se voit vouée à la complainte des fontaines
et à l'affliction des ruisseaux.

Pour avoir aux métaux voué son âme,
pour avoir sa jeunesse durant forgé le fer,
à la torture des enclumes inclémentes
le soumettent les forgerons tempétueux.

Au supplice douloureux de l'épine,
au mortifère découragement de la rose
et à l'action corrosive de la mort.

me voilà soumis, et cet anéantissement
n'est l'œuvre d'autre infortune ni n'a d'autre cause
que l'amour que je te porte et lui seul.

 

Miguel Hernández / L'éclair n'a de cesse
traduit de l'espagnol par Stephane Barbé
Illustration : Portarit de Miguel Hernández par Kike Paya "Kikelin" (murales de San Isidro)