« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

MES OS ROMPUS AUX CHAGRINS

 

 

Mes os rompus aux chagrins
et aux atermoiements mes tempes ;
chagrin qui s'en va, atermoiement qui s'en vient
semblable à la mer de la plage aux dunes.

Semblable à la mer de la plage aux dunes,
je me tiens dans ce naufrage d'aléas
par une nuit noire de poêles
rondes, misérables, funestes et brunes.

Nul ne saura me sauver de ce naufrage
si ce n'est ton amour, le salut auquel j'aspire,
si ce n'est ta voix, le nord que je recherche.

Échappant de la sorte au mauvais présage
qu'en toi non plus je n'aurai de refuge,
je souris entre deux chagrins.

……………….

 

TENGO ESTOS HUESOS HECHOS A LAS PENAS

Tengo estos huesos hechos a las penas
y a las cavilaciones estas sienes ;
pena que vas, cavilación que vienes
como el mar de la playa a las arenas.

Como el mar de la playa a las arenas,
voy en este naufragio de vaivenes
por una noche oscura de sartenes
redondas, pobres, tristes y morenas.

Nadie me salvaráde este naufragio
si no es tu amor, la tabla que procuro,
si no es tu voz, el norte que pretendo.

Eludiendo por eso el mal presagio
de que ni en ti siquiera habré seguro,
voy entre pena y pena sonriendo.

 

Miguel Hernández / L'éclair n'a de cesse
traduit de l'espagnol par Stéphane Barbé