En Octobre, l'ombre voile la lumière du jour
Plus profonde dans les jardins, plus fine à l'air des champs.
Dans les potagers, elle pourrit les planches, l'eau et les
     feuilles de trévise,
Verte sous le givre, noyée dans le soir infini.
Dans les champs elle confond dans le tremblement des
     feuillages
Une fraîche plate-bande près des touffes déjà fanées.
dans les friselures de vignes, elle tresse une vague
     couronne
Aux vendangeurs, touchés de loin par le jour.
Versuta et San Zuan, Ciarandis, Bandìt, Val Cunsat,
Avec leurs champs et leurs vignes, une église sereine et
     scintillante.
Quel doux sacrifice à l'ombre pâle des chants.
Ue petite vieille avance sur le sentier imprégné d'azur,
Chargée de sarments secs, sous ses rides sèches et
    cendreuses.
Avec son sang pâli, dans un frais petit Autel de noisetiers
On célèbre Octobre, qui, dans le ciel, dans la terre, dans
     les champs,
A cette couleur vieillie par le souvenir d'un temps clément.

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Di Otòbar

Di Otòbar l'ombrènaa vèla la lampa dal dì
pì fonda tai ors, pì fina ta l'aria dai ciamps.
Tai ors a marsìs li scàndulis l'aga, i radics,
verduta di zel, bagnada di un Espui infìnìt.
Tai ciamps a svanìs, pal clar trimulà da li fuèis
na frescia cujera sul flanc di ogni bar sculurìt.
Tai ris da li vignis a fa na confusa corona
a chei ch'a vendèmin, tociàs di lontan da la lus.
Versuta e San Zuan, Ciarandis, Bandìt, Val Cunsat
cui ciamps e li vignis, na Glisia serea e lusint.
Qual dols sacrifisi a la palida ombrena di ciants !
A ven na vecuita pal troi bevut da l'azur,
cun secs bachetùs, e secis li fùmulis rughis.
Cu 'l so sanc svampìt, ta un fresc Altarùt di noglars
a si onori l'Otòbar, che tal sèil, ta la ciera, tai ciamps,
al à chel colòur, inveciat tal ricuard dal seren.

Pier Paolo Pasolini / Poèmes en frioulan (19451949)
traduit du frioulan en italien par Graziella Chiarcossi
traduit de l'italien par René de Ceccatty
Illustration : Portrait de Pier Paolo Pasolini par Philippo Munegato