« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

Allongé dans l'herbe

 

 

Allongé
dans l'herbe
sèche de juillet,
il guette les étoiles
filantes,

happe le filet
de cognac qui goutte
de sa gourde,
mange une cerise,
expulse le noyau.

J'ai si peu vécu, dit-il
en fixant la voie lactée,

me suis trop épris
de solitude. À m'en
mordre les doigts,

ai tenu longuement,
en équilibre sur terre,
malgré les assauts du vent,
de la pluie, des corbeaux,

avant de tomber
sans pouvoir
me relever.

Jacques Josse / Inédits in Là où dansent les éphémères - 108 poètes d'aujourd'hui