« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

RUBANS DE ROMANCE

 

 

Cette voix de velours
Comme un beau poisson rouge
Croise autour de mes rêves
Me caressant l'ombre des joues.

*

Un corps de nymphe aux seins joyeux
Plaqué de lune et pailleté d'étoiles
Le ventre de fumée et les hanches marines
Dans les blés de juillet sirène bleue ondule.

*

Dans la glace d'un bar
La fille aux trois gazelles
La pêcheuse de perles
Au corps d'archange noir
Saisit la belle
Au fond du clair regard
D'un noyé de la Meuse
La plus lourde des larmes
Et la plus ténébreuse.

*

Est-ce pour toi cœur bleu
Cette chanson de palmes
Que siffle langoureux
L'oiseau jaspé des îles calmes.

Est-ce pour toi cœur noir
La pomme d'or qu'une Atalante
Blonde narquoise souriante
Ramasse dans l'herbe du soir.

*

Sur le toit du château le page somnambule
L'amour au bord des cils et la jambe légère
Le page sans chapeau cherche sur les ardoises
Les cheveux  que l'orage et les flûtes du soir
Chassent du peigne d'or d'une marquise folle.

*

Ce n'est plus qu'un instant d'azur
Coulé dans le cristal
Qu'un souffle de bonheur
Qu'une bulle de joie.
L'ange aux cheveux de neige
Ouvre ses aies bleues
Et la rose s'effeuille
Et la chanson se fane.

 

Edmond Dune / Usage du temps