« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

Et ton ventre est monceau de froments


 

 

(Cantique des cantiques)

 

O femme lourde avec splendeur
dont le ventre est monceau d’amour,
tu es chaude grange à froments
sur qui je lâche le bétail
de mes deux mains mortes de faim.

Tu es la grange et le grenier,
tu es l’étable et la mangeoire.
Tu es la mangeaille d’hiver
et mon abondante ration
de chance, d’amour et de chaud.

O femme dont le ventre est riche
d’une splendeur de froments lourds,
ventre, monceau déraisonnable
pour famines démesurées,
sur toi je moissonne et je roule
des jours qui ressemblent à vivre.

André Schmitz / À voix double et jointe
Photo : © J.-L. Geoffroy