« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

LES SEPT JOURS DE L'AMOUR


 

 

Mardi : Griffon

 

Il suffit que tu passes par les mots. Le griffon

trouve son image en nous

Et l'âme née d'elle-même, un corps

Il faut un corps à l'âme, qu'elle le consume

D'elle-même, pour elle-même

Un corps, que l'âme donne à voir ce qu'elle a

dissimulé de l'éternité

Consumons-nous, pour la seule raison de

nous unir

 

 

Mercredi : Narcisse

 

Son âge, vingt-cinq femmes.

Née telle qu'elle voudrait être, elle marche

autour de son image

Et la regarde comme si elle voyait le visage

d'une autre dans l'eau

Je manque de nuit pour courir en moi-même

D'amour, pour sauter par-dessus la tour

Et elle s'est écartée

De son ombre, que l'éclair passe entre elle et

l'ombre

Ainsi que l'étranger traverse son poème

 

 

Jeudi : Création

 

Je me suis trouvé en mon âme et en son dehors

Et tu es entre eux le miroir

La terre te visite pour trouver sa parure, parfois

Et remonter à l'origine du rêve

Quant à moi, je peux être tel que tu m'as

laissé hier, près de l'eau

Scindé en ciel et terre

Ah, mais où sont-ils ces deux-là ?

 

 

Vendredi : Encore un hiver

 

Si tu t'en vas loin, suspends mon rêve sur

l'armoire

Souvenir de toi ou de moi

Un autre hiver viendra, et je verrai

Deux colombes sur la chaise, et verrai

Ce que tu as fait de la noix du cocotier

Un lait a coulé de mes mots sur un autre tapis

 

Si tu t'en vas, emporte l'hiver

 

 

Samedi : Les noces des colombes

 

J'écoute mon corps : les abeilles ont leurs dieux

Et les hennissements, d'innombrables rababas

Je vais derrière les nuages, et tu es la terre

Plaquée sur la clôture par la plainte éternelle

du désir

Mets-toi à l'écoute de mon corps

La mort a ses fruits

Et la vie possède une vie qu'elle ne renouvelle

Que sur le corps à l'écoute du corps

 

 

Dimanche : Maqam nahawand

 

Il t'aime. Approche-toi comme le nuage.

Approche-toi

De l'étranger qui sanglote à sa fenêtre

Je l'aime

Descends comme l'étoile, descends

Sur le voyageur, qu'il persévère sur les routes

Je t'aime. Répands-toi comme l'obscurité

Répands-toi

Dans la rose rouge de l'amoureux et trouble-

toi comme la tente

Trouble-toi dans la retraite du roi

 

 

Lundi : Muwachah

 

Je passe par ton nom, lorsque je m'isole en moi

Damascène en Andalousie

 

Ici le citron a éclairé pour toi, le sel de mon sang

Et un vent est tombé d'une jument

 

Je passe par ton nom. Aucune armée ne

m'encercle

Ni pays. Comme si j'étais le dernier des gardes

Ou un poète qui déambule dans ses hantises

Mahmoud Darwich / Pourquoi as-tu laissé le cheval à sa solitude ?