LES SEPT JOURS DE L'AMOUR
Par domcorrieras, le mardi 14 juin 2022 - Poèmes & chansons - lien permanent
Mardi : Griffon
Il suffit que tu passes par les mots. Le griffon
trouve son image en nous
Et l'âme née d'elle-même, un corps
Il faut un corps à l'âme, qu'elle le consume
D'elle-même, pour elle-même
Un corps, que l'âme donne à voir ce qu'elle a
dissimulé de l'éternité
Consumons-nous, pour la seule raison de
nous unir
Mercredi : Narcisse
Son âge, vingt-cinq femmes.
Née telle qu'elle voudrait être, elle marche
autour de son image
Et la regarde comme si elle voyait le visage
d'une autre dans l'eau
Je manque de nuit pour courir en moi-même
D'amour, pour sauter par-dessus la tour
Et elle s'est écartée
De son ombre, que l'éclair passe entre elle et
l'ombre
Ainsi que l'étranger traverse son poème
Jeudi : Création
Je me suis trouvé en mon âme et en son dehors
Et tu es entre eux le miroir
La terre te visite pour trouver sa parure, parfois
Et remonter à l'origine du rêve
Quant à moi, je peux être tel que tu m'as
laissé hier, près de l'eau
Scindé en ciel et terre
Ah, mais où sont-ils ces deux-là ?
Vendredi : Encore un hiver
Si tu t'en vas loin, suspends mon rêve sur
l'armoire
Souvenir de toi ou de moi
Un autre hiver viendra, et je verrai
Deux colombes sur la chaise, et verrai
Ce que tu as fait de la noix du cocotier
Un lait a coulé de mes mots sur un autre tapis
Si tu t'en vas, emporte l'hiver
Samedi : Les noces des colombes
J'écoute mon corps : les abeilles ont leurs dieux
Et les hennissements, d'innombrables rababas
Je vais derrière les nuages, et tu es la terre
Plaquée sur la clôture par la plainte éternelle
du désir
Mets-toi à l'écoute de mon corps
La mort a ses fruits
Et la vie possède une vie qu'elle ne renouvelle
Que sur le corps à l'écoute du corps
Dimanche : Maqam nahawand
Il t'aime. Approche-toi comme le nuage.
Approche-toi
De l'étranger qui sanglote à sa fenêtre
Je l'aime
Descends comme l'étoile, descends
Sur le voyageur, qu'il persévère sur les routes
Je t'aime. Répands-toi comme l'obscurité
Répands-toi
Dans la rose rouge de l'amoureux et trouble-
toi comme la tente
Trouble-toi dans la retraite du roi
Lundi : Muwachah
Je passe par ton nom, lorsque je m'isole en moi
Damascène en Andalousie
Ici le citron a éclairé pour toi, le sel de mon sang
Et un vent est tombé d'une jument
Je passe par ton nom. Aucune armée ne
m'encercle
Ni pays. Comme si j'étais le dernier des gardes
Ou un poète qui déambule dans ses hantises
Mahmoud Darwich / Pourquoi as-tu laissé le cheval à sa solitude ?