« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

LA NOCE À GONESSE


 

 

 

     On sonne sur Gonesse la fête patronale. Tout justement le fils du Maire se marie, avec une fillette ni trop bien, ni trop mal. Je ne la connais pas, je la suppose ainsi.

 

     Ô noces où seraient invités les rois mages. Cadet Roussel, ses trois demoiselles, Madame Angot, sa fille volage, M. Thiers et le père Bugeaud !

 

     Gens de la noce, gens de Gonesse, gens légendaires, vite à la messe.

 

     On vient vous écouter, carillon des quatre cloches ! Voici le grand Chicart, Mogador et Clodoche, voici l’abbé Bridaine et Fanfan-la-Tulipe, les pompiers de Nanterre et Bacchus éventant d’une grappe Roger Bontemps.

 

     Dagobert, saint Éloi suivent sans grand arroi, l’un traîne son âne et l’autre son bleu manteau de roi, précédant Monsieur de Voltaire et Paul Kock, Monsieur, Madame Denis aux bras de Pourceaugnac, Pandore et Choufleuri, Pierre Dupont, Offenbach, le grand Pan et le Diable, et trente pages qui portent des hanaps bouillonnant de gai vin d’Argenteuil.

 

     Gens pleins d’orgueil, gens de la noce (qui m’inviterait ?) vite en carrosse.

 

     On sonne sur Gonesse la fête patronale et justement le fils du Maire se marie avec une demoiselle très bien, de la campagne. .. On me l’a dit. J’y crois. — Mais pourquoi tout ceci ?

Paul Fort / Ballades françaises