UN AGE OÙ
Par domcorrieras, le vendredi 28 juin 2019 - Poèmes & chansons - lien permanent
Il doit y avoir un âge où l’on se pacifie.
Où l’angoisse et le doute ne guident plus
nos pas. Mais peut-être que cela n’arrive pas,
que l’on ne grandit jamais, finalement.
Je me demandais ce qui était le plus dur :
un mot ou une pierre.
Lorsque, sur scène, la parole devient litanique,
que le rythme s’enfièvre, je sens en moi
le reflux du sang, violent, et ce rythme passe
à l’intérieur de mon corps, il me prend,
me remplit, m’assouplit, me malaxe, tambourine
contre ma peau, la parole est ma parole
et sa fièvre est ma fièvre, mes cordes vocales
s’ébranlent et tressautent sur la poussée d’un cri.
Hululement de la chouette.
La langue d’un loup qui lape un filet de sang
sur la carcasse d’un petit mammifère.
Ophélie Jaësan / La Mer remblayée par le fracas des hommes