« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

À la source


 

 

Cette source est glacée et nulle eau n’est plus pure ;

La terre est tapissée autour d’un vert gazon

Que des aulnes feuillus protègent des rayons.

La brise nulle part ailleurs n’est si légère.

C’est l‘heure où au zénith l’astre est le plus ardent,

La campagne embrasée grille sous l’œil du Titan.

Fais halte, voyageur : la chaleur te consume,

Tes jambes fatiguées refusent leur service ;

Allonge-toi au frais : tu peux, sous l’ombre verte,

Désaltérer ta soif à cette onde limpide.

 

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Inuitatio ad amœnam fontem

 

 

Et gelidus fons est nulla salubrior unda,

    Et molli circum gramine terra uiret ;

Et ramis arcent soles frondentibus alni,

    Et leuis in nullo gratior aura loco est

Et medio Titan nunc ardentissimus axe est,

    Exustusque graui sidere feruet ager.

Siste, uiator, iter : nimio iam torridus æstu es,

    Iam nequeunt lassi ire pedes.

Accubitu langorem, æstum aura, umbraque uirenti,

    Perspicuo poteris fonte leuare sitim.

Andrea Navagero / Épigrammes
traduit du latin par Pierre Laurens
Illustration : Raffaello. Rittratto di Andrea Navagero e Agostino Beazzano, 1516