UN TRONC
Par domcorrieras, le samedi 7 janvier 2017 - Poèmes & chansons - lien permanent
Évidé par les ans depuis mon apogée
quel repaire inouï
Fibres étirées, nourriture gaspillée des écrits des hommes
je vous offre mes chutes
en guise de repas, habiles insectes qui prenez
mon abri. Gouttes perverses !
vous pensez déjà aux nuages alors que
décembre sans cérémonie vous figera
Un jour s’introduira le renard, mais pour l’heure
ce sont les champignons qui m’envahissent
coprins, d’ailleurs,
que venez-vous faire en cet endroit ?
votre mycélium ne serait-il pas plus symbiotique
hors de la pourriture de ma sève disparue ?
bolets et chanterelles, vous non plus,
ne trouverez en ces lieux où respire ma décomposition
qu’une bien pauvre chaumine
Il est arrivé hier des revenantes. De mes semblables
encore tout auréolés de leur faîte
la puissance fragile a accouché d’un tapis nourricier
Quel assaut ! Vous, les gouttes, avez-vous suinté votre joie
pour faire de ce lit un bouillon de culture
Oh ! je vois désormais sur moi
grouiller la vie que j’ai perdue ;
je prends ma revanche sur ceux qui m’entourent
parés de leur prestance arrogante
et vous, corpuscules opportunistes,
que dites-vous des bulbes qui pointent ?
ne sommes-nous pas un, vous et moi ?
Des années que je repose ainsi
les saisons se succèdent et j’en arrive pourtant
à envier Sisyphe
La vie me torture et pourtant je suis mort.
Florent Toniello / FLO[TS]