Étranger, dont la voile...
Par domcorrieras, le samedi 20 avril 2024 - Poèmes & chansons - lien permanent
Étranger, dont la voile a si longtemps longé nos côtes (et l'on entend parfois de nuit le cri de tes poulies),
Nous diras-tu quel est ton mal, et qui te porte, un soir de plus grande tiédeur, à prendre pied parmi nous sur la terre coutumière ?
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« Aux baies de marbre noir striées de blanches couvaisons
« La voile fut de sel, et la griffe légère. et tant de ciel nous fut-il songe ?
« Écaille, douce écaille prise au masque divin,
« Et le sourire au loin sur l'eau des grandes lèpre interdites…
« Plus libre que la plume à l'éviction de l'aile,
« Plus libre que l'amour à l'évasion du soir,
« Tu vois ton ombre, sur l'eau mûre, quitte enfin de son âge,
« Et laisses l'ancre dire le droit parmi l'églogue sous-marine.
« Une plume blanche sur l'eau noire, une plume blanche vers la gloire
« Nous fit soudain ce très grand mal, d'être si blanche et telle, avant le soir…
« Plumes errantes sur l'eau noire, dépouilles du plus fort,
« Vous diront-elle, ô Soir, qui s'est accompli là ?
« Le vent portait des hautes terres, avec ce goût d'arec et d'âtres morts qui très longtemps voyage,
« Les Dames illustres, sur les caps, ouvraient aux feux du soir une narine percée d'or,
« Et douce encore se fit la mer au pas de la grandeur,
« La main de pierre du destin nous sera-t-elle encore offerte ?…
« C'est la christe-marine qui sur vos grèves mûrissait
« Ce goût de chair encore entre toutes chairs heureuses,
« Et la terre écriée sur ses rives poreuses, parmi la ronce avide et les roses vives
« De l'écume, nous fut chose légère et chose plus dispendieuse
« Que lingerie de femme dans les songes, que lingerie de l'âme dans les songes. »
Saint-John Perse / Amers