« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

COMPLAINTE DES BONS MÉNAGES

 

 

 

L'art sans poitrine m'a trop longtemps bercé dupe.

Si ses labours sont fiers, que ses blés décevants !

Tiens, laisse-moi bêler tout aux plis de ta jupe

Qui fleure le couvent.


Le Génie avec moi, serf, a fait des manières ;

Toi, jupe, fais frou-frou, sans t'inquiéter pourquoi,

Sous l'œillet bleu de ciel de l'unique théière,

Sois toi-même, à part moi.


Je veux être pendu, si tu n'es pas discrète

Et comme il faut, vraiment ! Et d'ailleurs tu m'es tout.

Tiens, j'aimerais les plissés de ta collerette

Sans en venir à bout.


Mais l'Art, c'est l'Inconnu ! qu'on y dorme et s'y vautre,

On peut ne pas l'avoir constamment sur les bras !

Eh bien, ménage au vent ! Soyons Lui, Elle et l'Autre.

Et puis n'insistons pas.

 

Jules Laforgue / Les Complaintes