« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

SONNET

 

 

 

Je touche de mon pied le bord de l'autre monde,
L'Âge m'ôte le goût, le force et le Sommeil ;
Et l'on verra bientôt naître du sein de l'Onde
La première clarté de mon dernier Soleil.

Muses, je m'en vais dire au fantôme d'Auguste
Que sa rare bonté n'a plus d'imitateurs ;
Et que l'esprit des Grands fait gloire d'être injuste
Aux belles passions de vos Adorateurs.

Voulez-vous bien traiter ces fameux Solitaires
A qui vos Déités découvrent leurs mystères,
Ne leur promettez plus des biens ni des emplois.

On met votre science au rang des choses vaines ;
Et ceux qui veulent plaire aux Favoris des Rois
Arrachent vos Lauriers et troublent vos Fontaines.

François Maynard (1582-1646)