« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

FINALEMENT

 

 

 

Je parle de choses vécues
par moi bien sûr par vous peut-être
aussi mais vous n'aurez pas cru
devoir les mettre à la fenêtre
afin qu'elles sèchent au gré
comme le linge bien lavé
de toute malpropreté
de nos subjectivités rances
qui s'envoleront
                          Gré du vent
mais il faut le provoquer
il arrive alors sans rien dire
et nous déshabille en sifflant
Plus rien que la peau et les os
pour te poursuivre aventurière
ô notre vie belle guerrière
ô Penthésilée ma farouche
baiserai-je jamais ta bouche
toi pour laquelle je ne suis
qu'un corps difficile à traîner
Vale Vale et me ama
on m'oubliera vite et ce que
j'écris par un beau soir d'automne
près de mon chien qui mord ses puces
pour qu'elles perdent dans son sang
la sotte envie d'en faire autant
J'entends mes enfants et ma femme
qui somnolent Le mur de la nuit
enregistre ce que j'écris
Les petits bébés du néant
s'en pourlècheront les babouines.


Septembre-octobre 1964.

 

Georges Perros / Une vie ordinaire