« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

Lorsque nous serons enfin des enfants

 

 

 

Lorsque nous serons enfin des enfants, nous
nous dirons tout

Jusqu'au frisson, lézard qui vit de peu dans
la chaleur.

Très tard, dans la cuisine, la vaisselle faite,
L'argenterie prise dans le tiroir comme la
source dans le gel

Nous voyagerons en regardant de vieilles cartes
postales

Dans des villes que n'habite pas encore la
mémoire.

Sur la table, avec les trésors renversés des
boîtes et des armoires,

A partir de boutons dépareillés,

Nous inventerons ce que furent nos habits
de gloire et de fumée.

Ainsi, se souvenant de notre âge futur,
Viendra vers nous l'amour qui s'appelle Toujours.
Il habite au jardin de notre destinée.

Sa main descend le temps qui nous a oubliés
Et découvre la vie noyée dans la lumière.

 

Jean Malrieu / La maison des feuillages (extrait)