« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

PARAPHRASE DU PSAUME LXXXI*

 

 

 

Jacques à quand, corrompus par présents,
A prix d'argent vendrez-vous vos sentences,
          Ployant, au gré des courtisans,
          La droiture de vos balances ?

Jacques à quand autoriserez-vous
Sur les petits des hautains l'arrogances ?
          Jusque à quand d'un visage doux
          Regarderez-vous l'insolence ?

Faites justice aux pupilles honteux ;
Gardez le droit à la veuve dolente ;
          Et que le pauvre souffreteux
          D'injustice ne se lamente.

Tirez des mains des tyrans oppresseurs
Les innocents dépourvus de défense,
          Ne permettant aux ravisseurs
          De terrasser leur innocence.

Juges hautains, et vous, vois glorieux,
Qui vous paissez de vos fausses louanges,
          Je vous avais tous nommé dieux,
          Du Très-Haut les fils et les anges.

J'ai mis la paix et la guerre en vos mains ;
Dessous vos lois j'ai la terre asservie,
          Vous octroyant sur les humains
          Puissance de mort et de vie.

Mais le tranchant d'une vengeante mort
Terrassera l'orgueil de votre audace,
          Enfermant sous un même sort
          Le prince avec la populace.

 

* C'est Dieu qui parle au milieu de l'assemblée des juges

Jean-Baptiste Chassignet (1571-1635)