« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

JOB

 

 

 

Laissez-moi la lumière
Ce visage étonné où je baigne mes mains
Et ma couche de pierres dans le frais du chemin
Pour aujourd'hui pas davantage
Je porte sur le dos la laine des orages
La flamme du torrent réchauffe mes genoux

Ce matin le soleil s'est levé entre nous
Et de la terre où monte une obscure tendresse
Un arbre cherche au fond des nuages
Sa caresse.

Tous les ruisseaux vont paître en chantant les gazons
La femme se dévêt au pied de la maison
Des coqs étincelants pavoiser les casernes
Et toi
Dont le cœur est une sourde lanterne
Tu marches sans souci des fleurs de l'horizon

Ah je puis bien parler de mes mains
De mes larmes
De cet immense amour
Car c'est tout ce que j'ai
Ma tête est couronnée de roses et de de ronces

À chaque pas mon Dieu c'est vrai que je m'enfonce
Un peu plus dans le ciel
Pour moi se lève encore la poitrine des herbes
Une place est gardée au milieu des brebis
Et les étoiles font comme un vol de perdrix.

 

René Guy Cadou / La vie rêvée