« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

POÈME INSPIRÉ PAR JOHN DAVENPORT ET CERVANTÈS

 

 

 

Enfant, je croyais que l'été allait tout résoudre
Mais l'illusion passa à longueur de printemps invisibles.
Les fleurs qui fleurissaient chez nous étaient fanées à
                                                                           [l'école,
La jeunesse naissait à Liverpool pour y mourir,
Aussi bien qu'en Sierra Leone, d'une attaque de
                                                                    [tremblote.
Le désir reparut avec le visage du printemps dans les
                                                                         [livres,
Tel poème qu'on lisait dans les magazines de drugstore,
À moitié compris — le verre, lui, contient sa
                                                     [signification pleine —
Avant de s'évaporer avec des filles qui n'arrivaient
                                                                        [jamais,
D'échapper aux faces pareille à des palettes sucées
                                                                    [par le sol.
Alors vint la mer, cobalt ou jaune whisky,
Le désir inutilisé se posa sur une ville
Toujours lointaine, au nom sans cesse changeant,
Arkhagelesk, Surabaya ou Tlampam,
Ou bien se fondit dans des emblèmes de liberté jamais
Rachetés par la volonté, d'ailleurs ils ne le furent jamais,
Je compris alors que la mort était ma seule quête,
Mais qu'elle trônait très haut sur le seuil des églises
Espérant coléreusement voir telle matinée d'aube séculaire
Lui faire enfin cadeau d'un mépris éclairé.
En dépit de cela mon sevrage n'est pas prêt :
La taverne demeurant le centre de mon cercle.

Malcom Lowry / Le phare appelle à lui la tempête - Et autres poèmes
traduit de l'anglais par Jacques Darras