« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

Petit pays de paroles

 

 

 

     Petit pays de paroles, sans encre ; un pur village de ronces parmi les serpents qui se réveillent. Entre le nuage et la gâchée de chaux.
                   L'eau
                   l'huile
                   de chaque mot
non loin de la mort.

                                           Ici,
     peu de jour sans oiseau, sans le visage retrouvé de chaque homme, d'entre les platanes, recueilli comme du sel, au bord du cumul.
       C'est ainsi.
       C'est la table.
       Trois planches avant la mort.

     Oui, c'est comme ça, avec ou sans écriture, tout, tout ce jour, toute cette nuit amassée, enroulée comme un câble. Et le reste qui ne sera qu'une histoire mouillée de silence, réservée au passant. La nuit.

     Sinon, bien sûr, il y a une autre histoire, une autre poésie (qui n'aura jamais manqué d'aplat dans le livre), mais depuis longtemps j'ai dû m'en séparer, m'en dispenser, pour aller chercher du petit bois dans un fossé
                        Non, pas une fleur, Mais un taillis. Pas d'écrin
                       mais de l'herbe. Seul souci. Habitable. Pouvoir
                       loger une âme dans le corps de l'érable ou du
                       cytise.

 

Thierry Metz / terre (extrait)