« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

il a un beau pays dans sa tête

 

 

 

il a un beau pays dans sa tête
là où la promesse du ciel le touche avec sa main
nue est la peau du ciel et écorchée par les grappes de
     rochers
les raides itinéraires des convois de ronces
ont limité de l'air les fiévreux profils
et dans la citerne de sa mémoire l'essaim des peu-
     plades
mûries dans les perfides nivellements
désagrège l'écume haletante la raison sans issue
son audit chavirement transit là où finit ta volupté
     grandit le vide
se casse l'éperon des steppes sordides contre la piste
     des dolmens
ventilateur raclant dans le cercueil de résonance du
     ravin
ravin grisé de profondeurs gémissantes
capitonné de fines écritures de vertiges dédaignent et
     d'algues
nos regards glissant de verticale en verticale se dissol-
     vent
dessinent des yeux d'huile sur leur flasque
ainsi je te regarde au pied de la montagne
assise comme la nuit est prête à se répandre
et sur les marches creuses qu'enfoncent tes allures
s'est faufilée la mort haleine d'apaisement


… / …

Tristan Tzara / L'Homme approximatif - XIII (extrait)
Illustration Portrait de Tzara par Marcel Janco - 1919