« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

LA CONCORDANCE DES TEMPS

 

 

 

Cependant qu'à l'autre bout du pays un braconnier visait l'eider,
l'excavatrice résistait aux ouvriers ; le nouveau propriétaire du
     triplex d'en face
donnait, en anglais, ses directives à deux maçons fraichement
     débarqués
dont l'un laissait tomber sa grelichonne ; tel voisin sans
     désemparer shinait
son immortelle Buick ; un ado maigre, le coco ratiboisé, passait
     en sifflotant sous

ta fenêtre, effarouchant le chat perché à ton érable de Pise, petit
     chahut
qui te sortit de la torpeur et te fit te remettre à ton texte en
     chantier
 — le pétitionnaire et la fillette allaient se croiser du regard, le
     facteur finirait
sa ronde, on entamerait au bar L'Imprévu la décisive partie de
    billard,

chacun, dans son aire, à cette heure de lents nuages
et d'aveugles bénéfices, chacun courait, vaquait à ses affaires,
comme tout un chacun à sa besogne, chacun travaillait à son
     œuvre,
et quant au merle, magnifique, par son chant,
à la relégation du cri rauque de la corneille.

Gabriel Landry / L'oreille au mur