« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

Roule la ville énorme

 

 

 

Roule la ville énorme
Roule à l'heure assoiffée de midi…
Ombres d'ombres sous le soleil intense
Foule d'êtres égarés
Peuple aux regards angoissés…
La ville énorme bâtit
Le colossal monument
De son brouhaha,
Comme toi, Cathédrale,
Dont la flèche vertigineuse
S'étire vers le ciel brûlant de midi…
Toi qui fait la grandeur le courage et la foi
De ceux qui s'attardent à te contempler.
Roule ville énorme
Roule et bruit l'effrayante rumeur
La symphonie jamais achevée
Du grand orchestre tonitruant
Des fols instruments de vitesse
La ville énorme construit la Peur
Dans le cœur de la foule angoissée
Étourdie, enivrée de fracas…
Foule fiévreuse
Où j'ai découpé
La clarté confiante de tes yeux.


Strasbourg, 1958

 

Denise Wahl Brua / Poèmes 1 (1956-2000)