« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

MAIS IL RESTE UNE CHOSE…

 

 

 

Mais il reste une chose
A dire encore. Car sur moi
Presque trop soudain
Est venu ce bonheur, oh ! solitaire,
Pour que méconnaissant ainsi
En aveugle mon bien
Aux ombres je me sois donné.
Car puisque tu donnas
Aux mortels, en épreuve
L'apparence divine,
Pourquoi un mot ? Et le poids
De la mélancolie a presque ôté
De mes lèvres le Chant. Certes depuis des temps
Les poètes eux-mêmes ont indiqué comment
De la force des dieux ils s'étaient emparés.
Mais nous c'est au malheur que nous les arrachons
Les trophées, les attachant au dieu de la victoire
Qui nous délivre. Les énigmes, c'est pour cela
Que tu les as mandées. Ils sont saints
Les resplendissants ! mais les célestes, quand ils
     veulent
Quotidiens apparaître, et commun
Le miracle s'accomplir, et quand les Princes des
     Titans
Tels des voleurs, veulent porter la main
sur les dons de la Mère,
Un Très-Haut vient lui apporter son aide.

Friedrich Hölderlin / Le verbe foudroyé
traduit de l'allemand par Armel Guerne