« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

Le figuier, comme un serpent aztèque, s'emplume

 

 

 

Le figuier, comme un serpent aztèque, s'emplume
De vert, chaque jour plus, et plus dense brandit
Sous le ciel sa viridité. Contre la pierre,
Immobile, turgescent, il s'accroît, cloisonne
L'air qui flotte bleu comme un papillon de soie.
Et sa peau tendre ici et là incisée offre
Au toucher son grain teint de gris éteint qui
Pourtant varie au moindre écart de la lumière.
Enflés, déjà les fruits se nourrissent du lait
Que le soleil suce au sein de la terre noire.
Sous son écorce clos entièrement il porte
La nuit et pousse avec ses branches les étoiles ;
Se lave avant l'aube à la rosée, attentif
Au silence de la fructification.

(Vendredi 12 mai 2000.)

 

Robert Marteau / Le temps ordinaire