« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

LE TAUREAU SAIT QUAND LA CORRIDA SE TERMINE

 

 



Le taureau sait quand la corrida se termine,
quand il goûte son flux soudain,
que la saveur de la mort est celle d'un vin
qui de la vie l'équilibre dirime.

Des cours palpitent par la blessure
d'un cœur immense et proche,
et son vaste pouvoir de pierre et de pin,
fragilisé, dans sa chute s'annihile.

Et toi à l'instar du taureau, mon sang encorné,
dont le calice quotidien de la mort,
forgé dans un acier trouble,

répand sur ma langue un goût d'épée
mélangé à un vin épais et puissant
depuis mon cœur qui se meurt.


………………..

EL TORO SABE AL FIN DE LA CORRIDA

 

El toro sabe al fin de la corrida,
donde prueba su chorro repentino,
que el sabor de la muerte es de un vino
que el equilibrio impide de la vida.

Respira corazones por la herida
desde un gigante corazón vecino,
y su vasto poder de piedra y pino
cesa debilitado en la caída.

Y como el toro tú, mi sangre astada,
que el cotidiano cáliz de la muerte,
edificado con un turbio acero,

vierte sobre mi lengua un gusto a espada
diluida en un vino espeso y fuerte
desde mi corazón donde me muero.

 

Miguel Hernández / L'éclair n'a de cesse
traduit de l'espagnol par Stéphane Barbé