« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

le centre

 

 

un hall
un cimetière
un sauna cul
une cour intérieure
un bar miteux aux vitres poussiéreuses

quatre heures de l'après-midi
les schmits dégagent d'un banc un sdf endormi sur son barda

non loin de la gare
une femme légèrement ivre reprend un rosé en terrasse


parle t-elle toute seule
parle t-elle au téléphone
me parle t-elle à moi

larguée par un homme beaucoup plus jeune qu'elle
elle n'arrive pas à se décider à quitter cette ville

c'est le vieux passe-temps du sexe et des sentiments
c'est la vieille histoire de la bonne personne amoureuse de la mauvaise
sur le trottoir d'en face

entre les chaises
les moineaux gueulent comme des putois

beau vert des arbres au bord de l'eau
sur la rive du canal les feuilles brillent comme des cristaux
jolies sensations qui viennent du ventre

avant de remettre mes lunettes
de soleil correctrices
je profite encore un peu de cette force

l'important n'est jamais au centre

 

Heptanes Fraxion