« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

L'AMOUR MUET

 

 

 

 

Ta voix me perce
Comme un couteau.
Déjà ta langue
Lèche ma plaie
Et je m'endors
Dans mon sang noir.

Ton œil me coud
Comme une veste
Et je suis pris
Dans tes rets d'or
En attendant
Ma délivrance.

Tu n'entends rien
Pas même une ombre
Pas même un cri
Et tu te mires
Dans des soleils
Qui sont éteints.

Moi je te parle
Dans mon silence.
Je t'imagine
Hors de ton corps
Et je te vois
Sans mon regard.

Si ta main bouge
Naît un nuage
Et ta caresse
Est cette pluie
Où je me baigne
Infiniment.

 

Robert Sabatier / L'oiseau de demain