« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

Journal intime - Diario


 

 

 

Au crépuscule désolé
Il pleut et on n'entend aucune voix
Qui résonne dans les champs,
Mais un silence mortel
Sur les talus sombres et dans les aubépines, ou dans quelques
Prairies perdues. Pendant un moment.
Puis tu sais que le triste envoûtement
Qui t'assaillit ne doit
Rien au crépuscule qui maintenant tombe
Et s'assombrit tristement dans le ciel limpide
Quand, entre le murmure de l'eau en pure perte
On entend un clocher sonner la dernière
Heure du jour. C'est amour
Qui, loin des champs,
De talus à peine verdoyant
Et du soir même,
Conduit les sens, qui trompe
La pluie mélancolique.
Et si ma mère ferme
Soudain les persiennes, voici le soir
Qui chante de ses pluies si lointaines
Sur le toit de la grange,
Et ce rien de joie
Ce ravissement bien vain
S'est lui aussi perdu.

……………….

Nel vespro desolato
piove e non s'ode voce,
per i campi, che suoni,
ma un silenzio mortale
sui cigli oscuri, e i biancospini, o in qualche
praticello sperduto Per un poco ;
poi sai che il triste incanto
che t'ha assalito nulla
deve al vespro che or spiove e nel sereno
s'oscura tristemente,
quando tra il mormorio dell'acqua vana
si sente una campana batter l'ultima
ora del giorno. È amore
che, lontano dai campi
dal ciglio appena verde
e dalla stessa sera
porta i sensi, che illude
la pioggia melanconica.
E se mia madre chiude
d'improvviso le imposte, ecco la sera
con pioggie lontanissime cantate
sul tetto del fienile ;
e quella poca gioja,
quell'incanto ben vano
anch'esso s'è perduto.

 

Pier Paolo Pasolini / Poésies - 1944-1945
traduit de l'italien par René de Caccatty