« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

AXELLE


 

 

Folle folie

Qui s'abat sur lui s'il

Sort de ce lit

Ouvre les yeux,

 

Déraison noire

Qui fait entrevoir

Tel être vieux

Lui peut-être

Et la fenêtre s'il l'ouvre

Un vieux hêtre là,

 

Qui marquerait le point de chute

Point de la connaissance ultime,

 

S'il cessait

De s'oublier à méconnaître

Ce que croit savoir de lui

Axelle qu'il ne connaît pas,

 

Tout ce qu'il fut ce qu'il est

Qui cesse d'être

À l'instant où rentrant au lit

Il clôt les yeux

 

Croit trouver raison en un rêve

Où se livre Axelle nue

S'ouvre sourit laisse faire,

 

Axelle qui

N'est pas ne fut ni ne sera

Jamais ne s'ouvrira

Au souffle en forme de vieillard

Qu'en veille ou rêve il est,

 

Promis au grand vieux hêtre

Qui n'a crû pendant tant d'ans

Qu'en témoin d'un dernier moment

Le sien

Peut-être,

 

Si d'un sien but il ne sait rien

D'une fin sienne

Rien,

 

Et Axelle si elle était

En belle vérité

Qui serait Axelle ?

 

(21 avril 1985)

André Pieyre de Mandiargues / Écriture ineffable