« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

AHAN


 

 

bleu janvier

dur comme un cri

tu en as plein la gorge

des manèges dont on ne guérit pas

 

ce vieil au jour le jour repasse, possède, on dirait

la guerre va, vient, fait des trous dans tes nuits

les animaux, les enfants, leur poitrine pâle

l'émotion fait culbuter les heures

 

dans la cohue, quelques corbeaux

l'angle d'un cou d'une aile

épinglé à la hâte

 

on entend l'épouvante

le bruit d'un organe froissé

d'un cœur blanc

les choses humaines qu'on largue

in situ

 

trop de chagrin alentour et trop de ciel au-dessus

les cauchemars laissés à eux-mêmes

 

on regarde la flexibilité du mensonge

on te regarde t'y précipiter

 

autre halluciné, haletant

rêvant de ravage

 

rêvant

sans savoir vers quelle bouche se tourner

Denise Desautels / Vers quelle bouche te tourner (extrait)