« Il n'y a pas de plus grand poète.
Il y a la poésie. »

Paul Fort (Canzone du vrai de vrai / Portraits sur le sable)

ÉTOILES FILANTES


 

 

L'heure était embaumée et noire. Vous chantiez.

Et les bras des bouleaux, ruisselants de dentelle,

Les vasques où se meurt la blanche cascatelle;

L'ombre mystérieuse et tiède des sentiers,

 

Les yeux des liserons, les doigts des églantiers,

Les roses dont le parc nocturne se constelle,

Tout, jusqu'au cœur des dieux de marbre sur la stèle,

S'ouvrait pour recueillir l'âme que vous jetiez.

 

Et, tandis qu'à vos pieds, belles et demi-nues,

Sur l'onde de vos chants aux courbes inconnues

Les femmes s'embarquaient pour un rêve ignoré,

 

Nous regardions mourir comme des fleurs écloses

Les astres, effeuillant leur silence doré

Sur les roses des chairs et sur la chair des roses.

Pascal Bonetti / La Chanson de France