AMIS CARRÉS, ÉTROITS
Par domcorrieras, le jeudi 9 septembre 2021 - Poèmes & chansons - lien permanent
Tous ces endroits carrés murs hauts ou bas
On y laissait tomber sur tous les sièges
Cette fatigue de trottoir d'air et de brique
Dont chaque pas s'embarrassait dehors.
Vienne : une chambre dont la porte
Mordait, le lit de fer n'était pas assez grand
Pour contenir un besoin de pleurer
Et pourtant j'ai vécu dans ce faux jour d'éclipse.
A Nice j'habitais un pavillon cruel
Qui pesait sur la tête, où l'ombre était si dure
Qu'on s'y cognait, mais les bras d'une vigne
M'ont rappelé qu'il n'est pas d'ombre sans chaleur.
Te souviens-tu de cette fenêtre têtue
Dans une chambre d'Amsterdam ? Tu ne pouvais
Dormir parce qu'en face de l'hôtel la Bourse
Jour et nuit s'étalait comme un quartier de chair.
Un peu partout j'ai de ces souvenirs de plâtre
De papiers peints, de quatre murs, amis carrés,
Etroits, meilleurs que les courbes jardins,
Où j'ai pu sans témoin dévisser ma fatigue.
Franz Hellens / Amis carrés, étroits (1921)